Belgium TCG 2025 : comment deux boîtes PSA ont disparu avant l’ouverture

Le 28 juin 2025, la ville de La Louvière en Belgique accueillait le Belgium TCG 4, un événement très attendu des collectionneurs de cartes Pokémon et autres jeux de cartes à collectionner. Dès l’aube, les exposants installaient leurs stands dans le vaste hall du Louvexpo. Parmi eux, l’équipe de Cards Hunter, boutique parisienne spécialisée dans les cartes gradées et les produits rares, préparait son espace d’exposition.
À 8 h 15, tout semble normal : cartons, vitrines, produits scellés. Mais quarante minutes plus tard, le constat tombe : deux des quatre boîtes contenant les cartes PSA les plus précieuses ont disparu. En l’espace de quelques minutes, un vol de plus de 50 000 € vient de frapper un acteur majeur de la scène TCG francophone.
Cards Hunter, une référence de la collection
Fondée en 2020 par Thomas Badell, Cards Hunter s’est rapidement imposée comme une boutique incontournable.
Basée d’abord à Paris puis à Pantin, la société réalise plusieurs dizaines de milliers de commandes par an et propose un catalogue riche en cartes Pokémon gradées PSA et en produits de collection.
Thomas Badell, 33 ans, passionné de longue date, a construit sa réputation à travers sa chaîne YouTube et sa présence constante sur les salons. Ancien employé de Wootbox, il a fait de Cards Hunter une marque reconnue, appréciée pour sa rigueur et son expertise. Mais cette visibilité, qui attire clients et collectionneurs, fait aussi de la boutique une cible.
Ce qu'on sait du déroulé du vol
Selon le récit de Thomas, confirmé dans sa vidéo publiée le 30 juin 2025, tout s’est joué entre 8h50 et 8h55. Alors que l’équipe s’apprête à disposer les cartes dans les vitrines, deux boîtes PSA manquent à l’appel. Contenant chacune environ 45 cartes gradées, elles représentent l’essentiel de la valeur marchande prévue pour l’événement.
Les circonstances renforcent le caractère troublant du vol :
- l'événement n’avait pas encore ouvert au public.
- seuls étaient présents environ 150 à 200 personnes (exposants, staff, artistes).
- les caméras de sécurité de l’événement n’étaient pas encore activées.
Pris de panique, Thomas et ses collaborateurs fouillent le stand, vérifient auprès de leurs partenaires, appellent le siège parisien pour s’assurer qu’aucune boîte n’a été oubliée... Rien n’y fait. Le vol est bien réel.
L’inventaire des pertes
Au total, ce sont 84 cartes PSA identifiées (peut-être 90) qui disparaissent. Certaines sont d’une rareté exceptionnelle :
- Pikachu poncho PSA 10 (≈ 5 500 €)
- Cristal PSA 10
- Cartes promo des Championnats du Monde
- Van Gogh PSA 10
- Dracolosse XY PSA 10
- et surtout, un Metalos PSA 10 japonais appartenant à Nicolas, de Relic TCG, confié à Thomas pour être vendu.
Ce dernier point pèse particulièrement lourd pour le gérant : perdre une carte d’ami, confiée en toute confiance, dépasse la simple perte financière. C’est une atteinte à un lien personnel.
Une réaction immédiate mais limitée
Dès la découverte du vol, l’équipe alerte l’organisation et consulte rapidement les caméras disponibles. Trop tard : aucune image exploitable n’est repérée sur le moment.
La police belge est contactée, mais l’absence de constatation immédiate empêche un contrôle des stands et des véhicules encore présents sur site.
Le lendemain, 29 juin 2025, Thomas se rend au commissariat pour déposer plainte. L’enquête est officiellement ouverte. En parallèle, Cards Hunter publie un inventaire détaillé des cartes volées, avec leurs numéros de série PSA, et annonce une récompense de 10 000 € pour toute information permettant de retrouver les biens ou d’identifier les voleurs.
Conséquences professionnelles et personnelles
Le choc est immense. Au niveau commercial, Cards Hunter perd la possibilité de vendre ses cartes phares lors du Belgium TCG. Le stand reste fermé le dimanche, privant l’entreprise d’un week-end important. Certaines cartes en dépôt-vente doivent être remboursées aux propriétaires, aggravant la facture.
Mais c’est surtout sur le plan personnel que l’impact est violent. Dans sa vidéo, Thomas évoque trois jours de rumination, un sentiment d’échec malgré toutes les précautions habituelles, et un profond découragement face à une communauté devenue parfois toxique. Les messages de soutien sont nombreux, mais certains reproches ou insinuations (“vous l’avez cherché”) accentuent son malaise.
Il annonce alors deux décisions majeures : 1. Arrêt probable de sa chaîne YouTube (la vidéo du 30 juin est présentée comme la dernière). 2. Retrait des réseaux sociaux, pour sortir d’une exposition qui lui pèse.
Cards Hunter continue néanmoins ses activités commerciales, portée par son équipe (Sami, Christophe dit “Légendaire”, et Tiffanie). Thomas choisit de “travailler dans l’ombre”, tandis que de nouvelles recrues sont envisagées.
Un phénomène inquiétant
Le cas Cards Hunter n’est pas isolé. Ces dernières années, les vols de cartes Pokémon et TCG se multiplient :
- Ille-et-Vilaine (France, 2023) : plus de 100 000 € dérobés, peines de prison confirmées en 2024.
- Belgique (Hoogstraten, 2023) : un magasin vidé de 200 000 € de cartes.
- États-Unis (Iowa, 2025) : un homme arrêté pour avoir tenté de revendre entre 25 000 et 40 000 $ de cartes volées.
Ces affaires traduisent la professionnalisation des voleurs, attirés par la valeur explosive des cartes gradées et la facilité de transport. Le marché Pokémon, désormais plus rentable que certaines franchises comme Marvel ou Star Wars, attire autant les collectionneurs passionnés que les malfaiteurs opportunistes.
La communauté sous le choc
L’annonce du vol a déclenché une vague de réactions.
Sur les réseaux sociaux et dans les forums spécialisés, les collectionneurs expriment leur soutien, leur indignation et leur inquiétude. Beaucoup s’interrogent sur la sécurité des événements et sur la nécessité d’une réorganisation des phases d’installation.
Au-delà de l’argent, l’affaire Cards Hunter touche à l’intégrité émotionnelle de la collection. Chaque carte volée est un fragment d’histoire personnelle et collective : souvenirs de championnats, pièces rares obtenues au prix d’années de recherche, symboles d’une passion partagée. C’est cette dimension qui rend le choc si profond.
Deux mois après les faits, l’enquête est toujours en cours en Belgique. Aucune arrestation n’a été annoncée publiquement, les cartes n’ont pas été retrouvées, et la prime de 10 000 € reste active.
Quelles que soient les suites judiciaires, l’affaire Cards Hunter marque un avant et un après. Elle met en lumière la vulnérabilité des événements TCG et la nécessité d’une vigilance accrue. Mais elle symbolise aussi la résilience d’une communauté : malgré le choc, la boutique poursuit ses activités, et les collectionneurs continuent de partager leur passion.
En définitive, ce vol est plus qu’une perte matérielle : il est devenu une affaire emblématique, qui rappelle que derrière chaque carte précieuse se cache bien plus qu’un objet — un morceau de confiance, de mémoire et de rêve.